Capitalism: A Love Story
Publié le 26 Novembre 2009
Jeudi 26 novembre
Paris 20, MK2 Gambetta
CAPITALISM: A LOVE STORY
De M. Moore (USA, 2009)
Mon appréciation: 6/10
Un film de Michael Moore, ça manipule de (très) grosses ficelles. Il faut des larmes, de ptites gens de préférence les larmes, il faut des méchants qui ne parlent jamais (soit parce qu'ils se
cachent, soit parce qu'on ne prend pas le temps de les écouter), il faut du spectacle (et Moore est un spécialiste). De la mauvaise foi, de l'outrance.
Après Bowling for Columbine, Farenheit 9/11, Sicko,
Capitalism: A Love Story est donc le quatrième pamphlet michaelmoorien que je vois. Avec, à chaque fois, un scepticisme croissant.
La crise financière ? Personne n'y comprend rien, les politiques en particulier, et les financiers sont bien incapables d'expliquer ce qui s'est passé. Ce qui est sûr, c'est que des décisions ont
été prises pour sauver les plus riches, aux dépens des plus pauvres. Sur ce constat légitime d'injustice manifeste, Moore assène: le capitalisme est anti-démocratique, le capitalisme est une
ploutocratie, et de Reagan à Bush Jr, les Etats-Unis sont devenus la propriété de Wall Street. Et bien sûr, Obama et les
lésés-qui-prennent-conscience-de-la-situation-et-qui-se-mobilisent-pour-agir ont sonné la fin de ce cauchemar.
Eh bien je ne suis pas d'accord. Le capitalisme financier, avec la dérégulation des spéculations, sont bien entendu responsables de la crise et des millions de chômeurs. Mais un capitalisme
raisonné, ça a existé pendant des décennies (Moore vante les années Roosevelt... franchement pas un ennemi du capitalisme); et ça peut tout à fait coexister avec la démocratie (là encore,
Roosevelt était-il un tyran ?). Enfin, l'insurrection (la Révolution ?) que croit voir Moore n'est qu'une utopie. Obama n'a pas été élu (uniquement ni avec une majorité écrasante) parce qu'il
voulait limiter l'emprise de Wall Street sur le pouvoir. Il n'a pas non plus, en un an, rompu avec le système (il ne le peut pas, il ne le veut pas, cf. son discours d'investiture).
Comme Michael Moore, les injustices soulevées (Wal-Mart et d'autres qui gagnent de l'argent via une assurance-vie quand un de leurs employés meurt...) me révoltent. Mais, à la différence du
public-cible du réalisateur engagé, on me convainc plus avec du factuel et du conceptuel qu'avec de l'émotionnel (chacun sa personnalité).
La théorie du complot, le mélange avec le religieux (deux prêtres et un évêque dénoncent l'amoralisme du capitalisme... mais qu'on nous en dise plus, ou alors pas du tout), non, j'en viens même à
penser qu'avec ses caricatures et ses raccourcis, Moore dessert la réflexion autour d'un modèle plus réaliste (sachant d'où l'on vient), plus humaniste (le fameux intérêt général)... Le
capitalisme n'est pas mort, et sûrement pas avant longtemps. Pour l'instant, la démocratie recule un peu partout. Où est le Nouveau Monde ?