Chez nous, de Marilynne Robinson
Publié le 4 Décembre 2009
Home (titre original, 2008) a été traduit et publié en France pour la rentrée littéraire. Il a, notamment, été remarqué par Télérama, mais j'ai lu d'autres recensions aussi élogieuses dans différents magazines. Chez
nous donc en version française avait d'autres "arguments" pour me convaincre, puisqu'il s'agit de la famille d'un pasteur, aux Etats-Unis, dans les années 1950. Une famille qui fut
nombreuse (8 enfants), aujourd'hui éclatée. Dans la maison familiale, dans un village sans histoire (c'est-à-dire que chacun se connaît et que tout devient et demeure une histoire), ne reste que
le père, fatigué, vieillissant rapidement. Glory, l'une des filles, 38 ans, revient pour l'aider. Quelques jours après, c'est Jack, l'un des fils, qui débarque. Lui a disparu de la circulation
pendant 20 ans, ayant mené avant et pendant ces années une vie de bad boy, ayant sombré dans l'alcoolisme. Personne ne l'attend plus, sauf son père.
Une maison, trois personnages principaux et quelques-uns secondaires (dont l'ami de toujours du révérend Boughton, le révérend Ames), et Marilynne Robinson est dans le registre du captivant. Par
exemple, et à la différence de Philip Roth aux chapitres interminables,
l'absence (complète) de chapitrage avec un découpage minimaliste du texte ne me pose pas de problème.
D'abord parce que ce lent "apprivoisement" (pour reprendre le terme téléramesque, très pertinent) de Glory, de Jack, de leur père est lourd d'enjeux: quels sont les secrets des uns et des autres
? Quels sentiments ressurgissent ? Comment arriver à partager à nouveau le même quotidien dans une maison immuable alors que les uns et les autres sont passés par les épreuves de la vie (ont-ils
pour autant changé ?) ?
Ensuite parce qu'outre ces questions familiales, il y a cette thématique religieuse, chez des "presbytériens" (assez proches des "réformés" en France); cette foi, ces questionnements dans lesquels je me retrouve assez facilement: grâce et pardon, prédestination, etc.
Troisième point fort, Chez nous me touche personnellement, en tant qu'enfant de pasteur, membre d'une fratrie importante ! On retrouve d'ailleurs énormément des analyses
rassemblées dans Les enfants du presbytère (je vous avais mis des extraits ici et là). Passionnant.
Enfin, le talent de Marilynne Robinson est grand (elle a d'ailleurs reçu des prix, notamment pour ce roman): chaque page est un régal malgré donc un scénario assez "calme"...
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé, et je vous recommande Chez nous !
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