C'est moi qui éteins les lumières, de Zoyâ Pirzâd

Publié le 31 Décembre 2012

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La traduction en français de ce roman de Zoyâ Pirzâd date de 2011. Heureusement, les textes de qualité de l'une de mes auteures préférées ne sont pas affectés par le manque de temps du lecteur ! En revanche, difficile de savoir dans quelle mesure l'impression de "virevoltes" à la lecture est due à l'intention de l'auteur ou à ma lecture, bien morcelée sur plusieurs semaines, de C'est moi qui éteins les lumières. Car oui, la narratrice, Clarisse, a un quotidien oscillant entre la vie trépidante et débordante de mouvements, notamment de ses enfants (un fils adolescent, Armen, pas insensible à la fille de la nouvelle voisine, Mme Simonian, et deux jumelles, Armineh et Arsineh), et une mélancolie légère. Des personnages forts (la mère, la soeur, la voisine), d'autres plus discrets mais avec une place bien réelle (le mari, mais aussi le troublant voisin) se croisent, s'agacent, se réjouissent au fil des semaines sous le regard bienveillant de Clarisse. Dans les conversations, beaucoup de quotidien, des amours, mais aussi un peu de travail, de politique, de religion, dans un subtil équilibre que Zoyâ Pirzâd met en place avec talent. Encore une fois, le texte sonne très juste, au plus près d'une humanité attachante.

 

"Les enfants étaient à l'école et Artosh au bureau. J'avais fait les chambres, la poussière. Le dîner mijotait sur le gaz. Le téléphone sonna.
'Si je ne téléphone pas, aucune chance que tu prennes de mes nouvelles !' C'était Nina.
Avant même d'avoir pu dire que je pensais à elle depuis plusieurs jours, que je voulais lui téléphoner, mais que je n'en trouvais pas le temps, Nina m'ôta les mots de la bouche en riant: 'Ne t'excuse pas ! Je sais bien que tu es occupée. Tu es si méticuleuse, ta mère si pointilleuse, et Artosh a un si mauvais caractère !'
Ce qu'il y avait de bien avec Nina, c'est qu'elle ne se fâchait jamais de rien." (page 98)

 

"Je sortis de ma chambre en me demandant avec qui la fille avait bien pu parler au téléphone. Armen ? Pourvu qu'il n'allât pas gifler... J'allais jusqu'au téléphone qui sonnait. Il faudrait que je lui parle. Je décrochai.
Sa voix était calme, comme d'habitude. 'Je voulais te remercier pour la soirée de jeudi. On t'a donné beaucoup de peine. Je voulais te dire aussi qu'hier soir j'ai trouvé un livre qui pourrait t'intéresser. Je l'ai mis de côté pour te l'apporter lundi. Tu n'as pas oublié notre rendez-vous ?'
Un de mes côtés me souffla: dis-lui que le lundi tu es occupée, que tu n'es pas libre, que tu as du travail... Je répondis à Emile que cela ne m'avait donné aucune peine, que je le remerciais pour le livre et que je n'avais pas oublié notre rendez-vous. Lorsque je raccrochai, mes deux côtés commencèrent à se disputer.
Appuyée contre la table du téléphone, j'essayais de penser à autre chose. Sous quel prétexte pourrais-je parler à Armen ? Pourquoi Ashken m'appelait-elle encore ? Il était quatre heures et quart. Où étaient passés les enfants ?
En relevant la tête, je les aperçus tous les trois, à travers le rideau de l'entrée, qui remontaient l'allée. Les jumelles avançaient à cloche-pied. Armen suivait derrière, les mains dans les poches." (pages 269-270)

 

 


 

Pour en savoir plus:

 

Déjà lus et recensés de Zoyâ Pirzâd sur ce blog:

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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Commenter cet article
M
<br /> Je viens de découvrir ton blog et j'aime beaucoup!<br /> Le problème, c'est que j'ai déjà tellement de livres qui m'attendent et je ne crois pas que la lecture de ton blog va m'aider à régler ça :p<br />
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D
<br /> <br /> Bienvenue et merci !<br /> <br /> <br /> Oui, la pile de livres qui ne diminue jamais aussi vite qu'elle augmente, je connais. Mais c'est plutôt sympa d'avoir beaucoup de belles choses à lire. Tu en recommandes ?<br /> <br /> <br /> <br />