L'essence de la foi chrétienne, de Gerhard Ebeling

Publié le 15 Juin 2012

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Pour l'année universitaire qui vient de s'achever à la Faculté libre de théologie protestante de Paris, le cours de Dogmatique consistait en la lecture suivie et commentée de l'ouvrage L'essence de la foi chrétienne, du théologien allemand Gerhard Ebeling (1912-2001). Ce professeur a été peu traduit en français jusqu'à présent, ce qui fait que les exposés sur certains points de sa pensée, s'appuyant sur d'autres textes, ont été des devoirs de version (certains à partir de l'allemand traduit en anglais, ce qui multiplie les traductions..., certains à partir de l'allemand même, ce qui est tout sauf évident quand on n'a jamais été plus loin, en cours d'allemand, il y a longtemps, que la lecture d'articles de presse...). Bref, Ebeling est encore assez peu connu en France. Il faut dire que quand on voit la couverture (ci-contre) que son éditeur retient pour écouler ses livres... ça n'aide pas.

 

L'essence de la foi chrétienne, pour faire vite, c'est la retranscription d'un cycle de cours que le théologien a donné aux étudiants de l'Université de Zürich en 1958-1959. Etudiants, toutes disciplines confondues. Car il s'agit en fait d'une tentative de reformuler une partie du vocabulaire de la foi chrétienne, entre vulgarisation, évangélisation, et esquisse de renouveau de la terminologie théologique. Par exemple, la personne historique de Jésus, c'est "le témoin de la foi". Le Christ, ressuscité, c'est "le fondement de la foi". D'ailleurs, dans le chapitre qui porte ce titre, Ebeling propose une typologie des récits de la Résurrection avec de solides arguments, mais qui pose de sérieuses questions à celles et ceux qui fondent leur foi sur l'acceptation de cet improbable retour à une vie charnelle. Perturbant... Ebeling confère également un rôle assez important à l'Eglise, ce qui, en "orthodoxie protestante", est aussi assez contre-intuitif. C'est plus subtil, car il n'y a que nous, minorité protestante hexagonale, à entendre "Eglise catholique romaine" là où on parle de l'Eglise au sens large.

 

Ce que je retiens de cette lecture (qui me sert aussi à valider un cours de Théologie pratique), ce ne sont pas tant les idées énoncées (à part celle évoquée, il n'y a rien de bien original) que la démarche. Essayer de partir de ce que les contemporains pensent de la foi, malgré les barrières que les religions et les institutions ecclésiales ont dressé au fil des siècles et encore de nos jours. Essayer de partir de ce ressenti, donc, de ses questions, et trouver une façon à la fois authentique et percutante de témoigner de ce que l'on croit. Difficile de mesurer l'efficacité des efforts d'Ebeling. Aujourd'hui en France, un peu dans le même esprit, et avec une pertinence qui me semble plus grande (mais je n'ai pas vécu à Zürich en 1960, donc c'est difficile de comparer), on a, pour le grand public, les Parcours Alpha. Et, dans le monde universitaire, les Forums Véritas. Des initiatives interdénominationnelles où "ceux qui croient" ne cherchent pas à éluder les questions qui fâchent de la part de ceux qui pensent "croire moins" ou "ne pas croire du tout". Et c'est tant mieux. Parce que parler de ce qui fâche, c'est parler vrai. Et nous en avons bien besoin. La foi, c'est aussi ça, savoir parler en vérité. 

 


 

Pour en savoir plus:

  • Gerhard Ebeling n'est pas sur Wikipedia, ni en français, ni en anglais. Mais en allemand quand même...
  • Texte intégral scanné pour les cours (le livre est épuisé en "papier")

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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