Les Justes, d'Albert Camus, au Théâtre National de la Colline
Publié le 24 Mars 2010
Bonne surprise, en découvrant la distribution complète ce soir: Emmanuelle Béart est l'une des actrices des Justes, d'Albert Camus, mis en scène par Stanislas Nordey.
Quand j'avais choisi cette pièce dans le programme de la saison, l'année dernière, la star ne figurait pas dans la liste provisoire des acteurs. J'avais été attiré par l'auteur et par le thème: parce qu'à part L'Etranger, étudié pour le bac de français il y a déjà dix ans (aaargh !), et malgré beaucoup de "sollicitations" (amicales, médiatiques), je ne connais rien de Camus; et puis parce que les sujets "révolutions russes", "terrorisme", "justice" m'interpellent particulièrement.
Donc de quoi s'agit-il ? L'organisation de combat du Parti socialiste révolutionnaire - nous sommes en Russie vers 1905 - projette d'assassiner le grand-duc, symbole du régime despotique. Qui lancera la bombe ? Les terroristes sont idéalistes, mais peuvent avoir des états d'âme. Une première tentative échoue: on ne va quand même pas tuer les neveux du grand-duc ! Mais l'opération a finalement lieu. La pièce suit les préparatifs, le déroulement, et les suites de l'attentat.
Le texte de Camus dépasse mes attentes; d'une très grande richesse, brassant une multitude de facettes de l'humanité, avec des formules chocs (je m'en souviens d'une: "Dieu sans les prisons ? Quelle solitude !"), qui me donnent envie de me plonger dans le livre, ce que je ferais probablement.
Mais la pièce est ratée. Indicateurs: le nombre élevé de départs de spectacteurs entre les différents actes; la brièveté des applaudissements à la fin, à peine polis (rien à voir avec les autres spectacles que j'étais venu voir, en particulier La Cerisaie de Tchekhov, ou encore La Pierre de Mayenburg, et dans une moindre mesure Notre Terreur). Causes probables ? Une diction catastrophique, forcée d'un bout à l'autre de la pièce. Une mise en scène pénible, très dépouillée mais sans intérêt avec des mouvements ou des stations franchement discutables. Un gâchis.
Photo © Élisabeth
Carecchio
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