Nouvelles africaines, L'hiver en juillet, de Doris Lessing

Publié le 23 Mars 2010

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Le premier tome de ce recueil de nouvelles m'avait bien plu; j'avais donc bien envie de lire les quatre textes de ce deuxième tome. Et je ne le regrette pas.

Le soleil sudafricain est toujours présent, oppressant. Comme beaucoup de "terres promises", de "nouvelles frontières", le pays porte de nombreux rêves, et produit des désillusions encore plus nombreuses. Repartir de zéro, tenter sa chance, réussir... Doris Lessing nous narre le délitement progressif de ces beaux projets:
  • Dans L'hiver en juillet, deux frères fermiers; l'un est marié, l'autre vit sous le même toit que le couple. Un ménage à trois dont l'équilibre précaire est remis en cause quand le mari part à la guerre.
  • Un toit pour le bétail des Hautes Terres se déroule, exceptionnellement, en milieu urbain. Un couple d'immigrants réalise qu'il ne pourra pas s'offrir mieux qu'une maison de banlieue banale et miteuse, ce qu'il fuyait en Angleterre. Le lotissement qu'ils occupent pour commencer est une aberration architecturale qui complique encore les relations de voisinage. La jeune femme découvre aussi le sort des domestiques du lotissement, et évidemment s'en mêle... les voisines n'attendaient que ce prétexte !
  • On connaît l'Afrique du Sud pour ses mines aurifères. Pour certains, l'or n'est pas "moral"; il suffit d'avoir de la chance et cela ne se mérite pas. Un couple de fermiers avec cette attitude commence à vaciller quand le mari prend conscience, comme dans la nouvelle précédente, qu'il ne parviendra pas vraiment à améliorer son ordinaire, quand bien même il travaillerait avec acharnement. Et s'il trouvait une méthode pour repérer les filons de matériaux précieux ? La quête de l'Eldorado le ruinera, et, pire encore (?) son fils lui fait de la concurrence et trouve, lui, de l'or !
  • Enfin, La fourmilière nous fait aussi évoluer dans une mine, celle-ci à ciel ouvert, ce qui était rare. M. Macintosh, le richissime patron, vit chichement. Il lui arrive de rendre enceinte une des Noires du village indigène où vit sa main d'oeuvre. Mais il suit de près l'éducation du fils de son ingénieur M. Clarke. Or Tommy se prend d'amitié pour Dirk, un "métis" qui vit au village indigène. Et il se pose des questions: pourquoi peut-il apprendre à lire, lui, et pas Dirk ? Pourquoi Dirk ne peut-il pas aller à l'école ? Etc. Cette amitié "mixte" est très mal vue par tout le monde. Racisme ordinaire, impuissance individuelle, pouvoir de l'éducation vs pouvoir de l'argent... Des thèmes majeurs, en quelques dizaines de pages.
Une très bonne idée de lecture, qui allie exotisme, dépaysement, plaisir du récit, et traitement de questions fondamentales.



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Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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