La forteresse
Publié le 7 Avril 2009
Mardi 7 avril
Paris 19, MK2 Quai de Seine
LA FORTERESSE
Documentaire de Fernand Melgar (Suisse, 2008)
dans le cadre des Mardis de Courrier International
Voir les éditions précédentes (2009): février - (2008): décembre
- juin - avril - mars - février
Mon appréciation: 7/10
Après Welcome, la semaine dernière, nouvelle plongée dans cette Europe terre d'asile malgré elle. En Suisse, l'extrême-droite populiste est
puissante et impose sa réthorique, notamment avec les votations. L'une d'entre elles, relative au traitement des étrangers, a fait réagir une équipe helvétique, qui s'est lancé dans ce
documentaire.
Les autorisations ont été difficiles à négocier, mais l'équipe parvient à s'immerger pendant deux mois dans le quotidien d'un des "Centres de procédures" de la Confédération. Cela s'apparente à
un centre de rétention, avec du béton froid, austère, hostile. Un réglement intérieur strict. Une attente de jugement.
Mais le film nous montre surtout un traitement très humain de cas vraiment difficiles. Quand on a les moyens, et la volonté politique, on peut traiter avec dignité ces personnes au statut
précaire: leur donner un toit, un repas, des soins, quelques cours, de l'écoute attentive, du soutien moral... Bien sûr, les récits des demandeurs sont tous horribles, parfois précis, parfois
confus. Pas tous véridiques, ce qui se traduit par des expulsions, naturellement. La logique du chiffre n'est pas loin. Mais les hommes et les femmes qui côtoient leurs "prochains" dans le besoin
sont exemplaires. La présence de la caméra peut avoir amélioré les choses, mais on ne peut pas créer de toutes pièces une telle illusion.
Si le propos du film est de faire réagir, j'aurais tendance à dire que c'est manqué. Au contraire, je suis très favorablement impressionné par les moyens mis en oeuvre. Quand on en sera au même
niveau partout de respect de la parole et de l'intégrité des demandeurs d'asile, nous pourrons nous réclamer d'une certaine "exigence morale" d'hospitalité.
Les migrants ne sont pas des sous-hommes. Merci à ces employés du Centre de le savoir. Merci à Fernand Melgar de le faire savoir. Et merci à Courrier International pour ce film un peu moins
démotivant que de coutume ! Le mois prochain, escale au Kurdistan... Tout un programme !