Nanking

Publié le 4 Mars 2008

Mardi 4 mars
Paris 19, MK2 Quai de Seine

NANKING
Documentaire de B. Guttentag et D. Sturman (USA, 2007)
dans le cadre des Mardis de Courrier International

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SITE DU FILM
(EDIT: voir aussi le site de Télérama)


Après la bonne expérience de Toro si te, en février, c'est avec un a priori positif que j'ai répondu présent à l'invitation facebookienne d'Hamdam pour cette projection inédite/unique en France. J'ai même convaincu Antoine de venir. Bon, d'un autre côté, je lui ai parlé de guerre sino-japonaise, de Nankin (le "g" est américain), et ça a suffit pour le motiver.

Moi en revanche, je ne connais rien à l'histoire de l'Asie, à peine quelques bribes pour la deuxième moitié du vingtième siècle. Le sac de Nankin ? Oui, j'ai entendu l'expression. Sans plus. Mais ce n'est pas parce qu'on ignore tout de quelque chose qu'on ne peut pas s'y intéresser.

J'ai donc beaucoup appris sur ces événements de 1937, quand le Japon (déjà allié de l'Allemagne), s'attaque à la Chine, et commet des exactions sans nom, qui feront l'objet des procès de Tokyo à la fin de la guerre. Massacres, viols innombrables, pillages, destruction de villes... la soldatesque japonaise a été particulièrement efficace et inhumaine. Dans ce documentaire, un petit air de Liste de Schindler. Car dans la tourmente de la guerre (bien plus rapide que le processus d'exclusion puis d'élimination des Juifs en Europe, par exemple), une poignée d'Occidentaux (Danois, Américains, et même quelques Allemands appartenant au parti nazi) ne fuit pas et reste pour protéger des dizaines de milliers de civils (et militaires déserteurs) chinois coincés par l'armée impériale, qui n'attend que de les massacrer. Etonnant comment à quelques-uns ils ont su préserver une "zone neutre" (malheureusement pas complètement étanche) et sauver des milliers de vies.

mardiCI.jpgLe documentaire, alternant des images tournées par certains de ces Occidentaux (et admirablement conservées et/ou restaurées), témoignages de survivants, et lecture des écrits des Occidentaux par des acteurs, parvient à ne pas être manichéen. Il reste très "américain": les sauveurs sont complètement héroïsés, et on a du mal à sortir du registre émotionnel face à leur courage, leur humanité, leur foi aussi.

Le débat s'engage ensuite sur la sensibilité des questions historiques, tant en Chine qu'au Japon, entre enjeux de propagande, relents nationalistes pour faire diversion, etc. On évoque parfois le travail considérable de repentance accompli par la nation allemande après guerre, en soulignant qu'en Asie, les réalités sont bien différentes. "L'infâmie japonaise" de la "bonne pensée" de la gauche japonaise face aux récupérations nationalistes de droite en période de difficultés économiques, les bombes atomiques qui "permettent" au Japon de se poser en victime, les bouleversements du communisme à la chinoise, la course à la croissance, autant de raisons qui expliquent un travail historique et scientifique peu visible même s'il existe.

C'était donc une soirée qui contribue à me rendre moins bête. Pas rassuré sur la nature humaine, mais moins ignorant. C'est déjà ça. Le mois prochain, le documentaire traitera des militaires désobéissants ou déserteurs.

Rédigé par davveld

Publié dans #Cinéma

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