Ceux qui marchent dans les villes, de Jean-François Dauven

Publié le 8 Août 2009

(Prologue sans lien direct avec le livre en question) J'ai suffisamment prétexté que je prêtais mes livres pour gérer le manque de place chez moi, qu'on en est à s'étonner que je lise des ouvrages que d'autres m'ont prêté (bon, j'ai des amis avec qui j'échange des livres, d'autres plutôt des DVD, d'autres encore de la musique, ça dépend des collections et des goûts des uns et des autres) ! Comme je l'ai aussi expliqué, je tiens à l' "objet" livre car il se "prête" bien à des échanges, justement. Je suis d'ailleurs dans un état d'esprit où je m'interroge sur ma relation avec "le livre". J'ai tendance à croire qu'en discutant d'un même livre, on "partage plus que des mots", pour paraphraser un slogan d'une chaîne de multiplexes. D'ailleurs, dans ma pile de livres à lire (qui diminue, je vous rassure, mais ne sera pas épuisée quand ma librairie préférée rentrera de vacances), il y en a plusieurs que je veux découvrir parce qu'ils ont apporté à des amis ou des connaissances...

Toujours dans cette réflexion sur "le livre et moi", je me prends à me demander si la littérature ne serait pas la forme d'art dont je ne pourrais pas me passer (juste avant la musique). Et aussi (sans que cela n'ait de lien logique évident, mais les réflexions sont tortueuses comme peuvent être impénétrables les voies de l'Eternel), j'essaie d'imaginer ce que je serais maintenant, si à un instant-clé (que j'identifie clairement), j'avais pris une orientation différente. Si, en septembre 2001, je n'avais pas commencé Sciences Po Lille et aurait continué la prépa littéraire que j'avais commencé... La décision de Sciences Po était une évidence, je n'ai pas de regrets, mais par curiosité, j'aimerais bien voir "l'autre voie", car l'impact de la décision sur mon cursus et mon job, les gens que j'ai rencontré et que je continue à voir, est considérable, huit ans après.

Voilà pour les "fictions" qui traversent mon esprit, notamment à la lecture de ce livre. (Fin de la disgression !)


Ceux qui marchent dans les villes, c'est donc Mélie qui l'avait lu et me l'a prêté, mercredi soir.

Comme Clémence et l'acteur nu, il s'agit d'une série de courts récits. C'est clair chez Dauven, le texte est un roman, pas un recueil de nouvelles. Même si l'action se passe simultanément, dans une dizaine de villes européennes. Plusieurs fils relient les personnages des différents chapitres entre eux. Parmi ceux-ci: le café (boisson, percolateur, lieu de vie, employeur); la musique (plaisir, métier, prétexte, identité); les amitiés et relations entre générations (souvent parent-enfant); le couple (qui se délite, qui se forme, qui se manque), l'Europe comme "paradis" (gastronomique, oenologique, littéraire, musical) et donc touristique, les trams... Plusieurs "familles" sont suivies, sont entremêlées, un peu à la manière d'Inarritu ou Arriaga.

Si Dauven parsème les chapitres de passerelles, il en fait parfois trop (le schéma des dix récits devient répétitif, un peu un exercice de style autour d'une trame/contrainte mais avec moins de talent que les oulipiens par exemple), et à la fin pas assez, car après avoir posé les intrigues, il laisse le soin au lecteur d'en imaginer complètement le dénouement, ce qui est un peu facile. D'accord pour "travailler" un peu en tant que lecteur, mais des pistes en épilogue auraient été intéressantes.

J'ai bien aimé cet hymne à une Europe à la fois unique et plurielle, mais comme Mélie (j'ai relu sa note avant de finir mon billet et je constate que nos avis ne sont pas très différents), je trouve qu'il manque quelque chose à Jean-François Dauven pour pouvoir m'exclamer "Bravo !" Un soupçon d'audace, de risque, peut-être ?



Pour en savoir plus:
Paru en février 2009, le livre ne figure nulle part sur le site de l'éditeur mais a été commenté par d'autres.
Jean-François Dauven sur Wikipedia

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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