Samedi, de Ian McEwan

Publié le 25 Octobre 2009


Je n'ai lu que trois romans de Ian McEwan (Sur la plage de Chesil, Expiation, et maintenant Samedi), mais je pense que je suis devenu fan, voire accro. Je dévore les chapitres (pourtant très longs) et 380 pages, ne narrant qu'une journée de la vie d'un neurochirugien britannique et de sa proche famille, semblent durer à peine 50 pages. Bluffant.

Février 2003. Le 11-Septembre est dans les esprits. Bush Jr et Blair préparent leurs opinions publiques respectives à l'invasion de l'Irak, alors que les preuves (liens avec Al-Qaida, armes de destruction massive) sont plutôt maigres pour ne pas dire inexistantes. Ce samedi, le peuple britannique a prévu de descendre dans la rue pour manifester son opposition à la guerre. Mais le récit commence un peu plus tôt, à l'aube. Henry Perowne, neurochirurgien, se réveille en pleine nuit. Il regarde à sa fenêtre. Un avion en flammes traverse le ciel de Londres. Il s'inquiète, réfléchit (un personnage qui s'auto-analyse quasiment en permanence, comme ça m'arrive aussi), essaie d'en savoir plus, allume la télé. Dans la cuisine, il croise son fils, musicien de blues, et discute avec lui. Sa femme, Rosalind juriste, dort encore. Quand le jour se lève, elle ira travailler; Henry doit disputer une partie de squash avec un collègue; le fils va répéter avec son groupe; quant à la fille et au beau-père, ils doivent arriver dans la soirée, tous deux de France; il va falloir préparer le dîner et amorcer des réconciliations, sans s'écharper sur la guerre en Irak. Voilà pour le planning. Mais, comme je l'écrivais, Londres manifeste. La circulation est perturbée. S'ensuit un accrochage sans gravité pour Henry quand il se rend au terrain de squash. Sans gravité ? La journée va pourtant être bouleversée...

Malgré la progression lente du récit (une spécialité de l'auteur), on ne s'ennuie pas. L'introspection permanente d'Henry est passionnante. La tension monte. Sur la toile de fond évoquée, Ian McEwan démontre avec brio que la fragilité est partout. Même au sein de familles qui réussissent (chirurgien réputé, juriste recherchée, musicien reconnu, poète célébrée), il suffit de peu pour basculer. Les rétablissements ne sont que provisoires. Une vision certes peu enthousiasmante, mais extrêmement lucide, bien documentée, très bien écrite. Encore une fois, bravo !



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Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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