Enfants d'Armageddon

Publié le 6 Janvier 2010

Mardi 5 janvier 2010
Paris 19, MK2 Quai de Seine

ENFANTS D'ARMAGEDDON
Documentaire de Fabienne Lips-Dumas (Canada, 2009)
dans le cadre des Mardis de Courrier International

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Voir les éditions précédentes: (2009): novembre - juin - mai - avril - février


Mon appréciation: 7/10

Armageddon, ce sont les armes nucléaires. Qui, comme toute personne sensée le sait, sont une aberration. Mais qui continuent à exister (alors que le Traité de non-prolifération contraint les détenteurs à démanteler leurs arsenaux - ce qu'on oublie trop souvent - et alors que le concept même de dissuasion est illégal au regard de la plus haute juridiction des Nations Unies: la Cour internationale de justice), et aussi (et on en parle plus) à se diffuser.

Pourtant, et c'est le parti pris du film, de nombreuses populations souffrent des séquelles des bombes qui ont été utilisées (Hiroshima, Nagasaki) ou testées (au rang des accusés, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne...). Il y a ceux qui ont travaillé dans cette industrie, mal protégés. Et ceux qui vivaient malgré eux à côté de telles installations de meurtre massif: dans le Pacifique, figurez-vous qu'il y a du vent, des courants, etc. et qu'une contamination à moyen-long terme est évidente. Mais bon, aucune enquête scientifique n'est en cours, vous pensez bien, il s'agit de quelques "indigènes" sur des îles que personne ne connaît... et quand bien même les générations suivantes présentent des anomalies génétiques en nombre bien plus élevé que la moyenne...

Parmi ces "enfants" de victimes du nucléaire (à Hiroshima, à Mururoa, dans les îles Marshall), le mouvement anti-nucléaire reste fort. Mais les opinions publiques ne sont plus mobilisées. Noam Chomski, interviewé dans le documentaire, rappelle qu'en 1982, au plus fort de la Guerre froide, 1 million de manifestants avaient défilé à New York, alors qu'aujourd'hui, les rassemblements ne réunissent que 40 000 à 50 000 personnes au mieux.
La menace a-t-elle diminuée ? Non. Hans Blix (l'autre "star" interviewée dans le film) rappelle deux choses. Premièrement, que les Etats-Unis avaient déjà connu 11 lancements accidentels de bombes nucléaires, heureusement sans dommages. 11... avec des puissances bien pire que celles de 1945... Deuxièmement, la "guerre contre la terreur/le terrorisme" ne peut en aucun cas justifier ces armes: "c'est comme tuer un moustique avec un canon" (que faire avec une bombe nucléaire pour éviter le 11-Septembre ? Ou le suspect nigérian de Noël ?)
Ces évidences rappelées (il faut parfois le faire), comment faire bouger les choses ? Certes, une relève des mouvements antinucléaires existe (dans le film, alors que la salle du MK2 avait bien plus de cheveux blancs que d'habitude); certes, l'administration Obama est bien moins "pro-nucléaire" que les fous bushistes. Mais la construction d'un consensus mondial pour un désarmement réel, seule issue pour vraiment avancer, semble bien en panne. Pourvu que l'avenir nous réserve de bonnes surprises...

Pas grand'chose à "commenter" sur le film, efficace et intelligent (pas de naïveté, mais plein d'arguments solides bien étayés - bref le contraire de Michael Moore) malgré des choix musicaux parfois discutables. Pas de commentaires non plus sur le débat avec la réalisatrice: des échanges sérieux mais pas d'une richesse impressionnante... Le fond n'a pas été desservi par la forme, et c'est l'essentiel, sur un tel sujet !

Rédigé par davveld

Publié dans #Cinéma

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