Au Museumsquartier de Vienne; le MUMOK et le Leopold Museum

Publié le 11 Mai 2010

Comme annoncé dans mon billet sur mon séjour viennois de la fin du mois d'avril, la journée passée dans le Museumsquartier de Vienne mérite à lui seul un certain développement... Le Museumsquartier est, comme son nom l'indique, une concentration de musées proche du "coeur de ville" de Vienne, à quelques pas du Neueburg. Entre les deux, le Kunsthistorisches Museum et le Naturhistorisches Museum, ça impressionne déjà. Le MQ est organisé autour d'une grande cour, avec des bâtiments "historiques" et d'autres résolument plus modernes (l'histoire architecturale du lieu est riche...); je choisis de visiter le Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien, abrégé en MUMOK, et le Leopold Museum, réputé pour sa collection de tableaux de plusieurs maîtres autrichiens.

 

Site officiel du Museumsquartier - Parmi mes photos sur Facebook, quelques photos du MQ et des expositions visitées.

 

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Le MUMOK (site officiel)

 

Exposition Pictures on pictures, Discursive painting from Albers to Zobernig (Bilder über Bilder)

 

La collection Daimler (l'industriel) s'interroge ici sur l'image, avec les recherches d'artistes dessinant "pour l'image". Je n'y connais rien, et je découvre plein de courants tels que le suprématisme, le minimalisme, le neo-geo...

 

bb_288.jpgCela donne des rayures de Buren (comme celles des colonnes du Palais Royal à Paris), un très déconcertant 'Jardin de monastère' de Fruhtrunk (qui a dessiné le logo de la chaîne Aldi), ou encore un automate, la 'Do it yourself structure' de Jean Tinguely. Je remarque aussi un collage de bouchons en liège ('Korkenrelief' de Henderikse), un autre collage particulièrement réussi et brûlant d'actualité sur la contraction d'une dette et son utilisation ('Home equity loan & what I really spent it on' de Phelps), un monde de métal ('Bronze and silver prisons' de Halley), et aussi une ré-utilisation de la célèbre chaise du néerlandais Rietveld (Télérama signale d'ailleurs un documentaire sur Arte sur cette chaise, les 9, 11, 15, 18 et 19 mai...): 'König gerrit' par Nic Hess. J'aime beaucoup, comme d'ailleurs les autres oeuvres du groupe De Stijl (Mondrian).

 

Autres noms avec des oeuvres qui ont retenu mon attention: Arp (qui me rappelle Kandinsky), Albers, Monk (lui me fait penser à Malevitch)...

 

De l'art moderne, pas toujours facile d'accès, qu'il faut donc avoir le temps de parcourir.

 

Exposition Changing Channels, Art and Television 1963-1987

 

cc_289_01.jpgLA grande exposition du moment au MUMOK. Des télés partout, sur plusieurs niveaux (4 sur les 6 exploités pour des expositions). Un peu frustrant de se planter devant des écrans alors qu'il fait un temps magnifique à l'extérieur ! L'idée générale, montrer que les artistes se sont appropriés l'objet (au sens physique) et le média télé au moment même où il devenait "de masse". "Se sont appropriés", c'est, bien souvent, essayer de jouer avec ses limites, ou en dénoncer les dangers sur la manipulation des images puis des masses, la culture qu'elle propage, celle d'une société de consommation sur le modèle nord-américain. Mais la télé c'est aussi une technique à tordre dans tous les sens, une réorganisation des lieux de vie, bref c'est très englobant. L'exposition représente probablement des centaines d'heures de vidéo, inutile de dire qu'on "zappe" d'un écran à l'autre assez rapidement.

 

Quelques installations à noter, quand même.

Le collectif Ant Farm a créé en 1975 'Media Burn', ou la mise en scène fictive d'un président étatsunion prêt à tout pour délivrer ses concitoyens de leurs addictions, en lançant une voiture (mythe US) contre un mur de téléviseurs (mythe US) avec vrais et faux journalistes. Jouissif.

Dan Graham a conçu un cube avec des miroirs en guise de parois, une caméra et un écran. Sur l'écran apparaît en léger différé ce que filme la caméra, à savoir les visiteurs du musée entrant dans ce cube. 'Present continuous past(s)' date de 1974 et viendrait de la collection du... centre Pompidou !

Citons également 'Reverse television - Portrait of viewers 1983-84' de Bill Viola (le titre dit tout), ou encore 'Andy Warhol's TV, 1980-83', série d'interviews iconoclastes par l'artiste américain tête de gondole de l'exposition, la 'Sky-TV' de Yoko Ono (une caméra en circuit fermé filme le ciel au-dessus du bâtiment où "l'oeuvre" est exposée, donc ici le ciel viennois, qui était donc d'un bleu sans nuage quand je suis passé), ou encore une installation illustrant la fascination de certains pour la mort: 'TV-Aquarium (TV-Tod 1)' et 'TV-News (TV-Tod 2)' de Peter Weibel.

 

Une exposition pas inintéressante mais beaucoup trop foisonnante et qui aurait gagné à être plus ciblée.

 

Exposition Gerhard Rühm, The Ambivalence of the Concrete

 

Mini-exposition de dessins et collages de l'artiste viennois (né en 1930), qui s'interroge sur le mot et le language: comment peuvent-ils représenter une certaine réalité ? Je remarque une photo de forêt avec du papier à lettres déchiré figurant des flocons de neige, ou encore une espèce de rateau avec des mots lisibles sur chaque face (pratique pour apprendre l'allemand).

 

Exposition Konstellationen, Together for a new century

 

Là, pas de feuille présentant l'exposition en anglais, il n'y a que de l'allemand ! Bon, on est dans le "contemporain", comme le titre le laisse supposer. Très intéressantes photos gigantesques montrant des foules de touristes à Florence ou à Londres (Struth, Grübl), avec des "uniformes" de la mondialisation... et une mise en abyme pour les visiteurs du musée ! Cela rappelle un peu, en mieux, la sociologie de café du commerce de Musée haut, musée bas. Un tableau ('Phare du Farman 1' de Elger Esser) fait immédiatement penser à Proust (que je n'ai pas pu lire au-delà d'un chapitre), sans que je sache bien pourquoi (les couleurs, rappelant un portrait connu de Proust ? L'horizon de la mer ? Mystère...).

 

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Le Leopold Museum (site officiel)

 

Comme j'avais passé beaucoup de temps au MUMOK, j'étais bien entendu un peu moins frais pour le Leopold Museum. A la différence du premier, j'ai commencé par les niveaux les plus élevés avant de descendre.

 

Exposition Vienna 1900, Leopold Collection

 

Vienne au début du vingtième siècle connaît vraisemblablement son plus récent âge d'or. Capitale de l'empire austro-hongrois, elle est pionnière en terme d'urbanisme, sa vie intellectuelle (Freud...) et artistique est très riche. C'est le lancement du mouvement Secession (sa devise: "A chaque siècle son art, à chaque art sa liberté ?"), c'est aussi le triomphe de l'Art nouveau, jusqu'à l'expressionnisme. L'étage est varié, avec des salles de tableaux, d'autres consacrées à l'urbanisme avec des plans d'une ville à l'époque en très forte croissance et différentes conceptions de l'art d'organiser une ville qui s'affrontent, d'autres encore consacrées aux ateliers viennois (très belle salle Wiener Werkstätte). Des noms ? J'ai bien aimé Moser, que je préfère à Klimt, Egger-Lienz, Von Zülow. Il y avait aussi Kokoschka, Gerstl, Schiele (mais Schiele occupe un autre étage).

 

Exposition From Expressionism to New Objectivity, 1908-1938 et Exposition Thyssen-Bornemisza Collection

 

Des lithographies, et deux expositions que je n'ai pas bien distingué même si on reste dans la première moitié du vingtième siècle. Encore une fois plein de courants, mais plus connus: l'expressionnisme, le cubisme, le constructivisme russe, avec aussi quelques "Fauves". J'aurais retenu plus de choses avec un petit prospectus mais il n'y en avait pas pour cette partie de l'exposition :(

 

Exposition Egon Schiele

 

Schiele_Egon_Selbstbildnis_1910.jpgSchiele, c'était juste un nom pour moi. Maintenant je crois que je reconnaîtrais son style ! Le Leopold Museum se vante d'avoir la collection la plus importante au monde d'oeuvres d'Egon Schiele (et de Gustav Klimt aussi me semble-t-il). Normal peut-on penser, on est en Autriche et il s'agit de peintres autrichiens. Mais le marché de l'art (et l'histoire tourmentée du vingtième siècle) a aboli depuis longtemps les frontières, donc ce n'était pas si évident. Pour faire simple (et court, ce billet s'allonge !), j'apprécie nettement plus les paysages peints par Schiele (l'un aurait très bien pu inspiré Jacques Tati quand il a conçu la maison de M. Hulot dans Mon Oncle) que ses portraits, tourmentés, représentatifs de cette fascination pour la mort d'un certain nombre d'Autrichiens. On est mal à l'aise, et on ne comprend pas cette douleur, ces déchirements, cette morbidité dans un si beau pays (surtout au début du printemps). D'accord, les guerres de l'époque étaient de véritables boucheries (on voit les stigmates de la Grande Guerre, chez Egger-Lienz que je mentionnais plus haut), et conduisent à un certain pessimisme.

 

Exposition Hidden Treasures of Austrian Watercolor Painting

 

Alt_Rudolf-von_Die-alte-Fichte-in-Bad-Gastein_1899.jpgDu "plus classique" vu qu'on se retrouve avec des oeuvres du dix-neuvième et du début du vingtième siècle, quand l'aquarelle a été "redécouverte". Tons pastels inédits, aspect "instantané" de l'oeuvre, l'exposition montre bien la paletter des possibles explorés par de très nombreux artistes à cette époque. Von Alt (paysage de gauche) peint de magnifiques paysages de Venise et des Alpes; Laske illustre des scènes tout autour de la Méditerranée. J'aime bien également les tableaux de Dobrowski, de Stark...

 

Exposition Waber Restrospective and Companions et African Art

 

Parcourues en quelques minutes, ces deux expositions ont souffert de la fin de mon enthousiasme et de ne pas avoir d'oeuvres interpellant le regard...

 

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Ouf, me voilà au bout de ce compte-rendu/commentaire de visites ! J'en ai bien profité, ai découvert plein d'oeuvres intéressantes, et, même si certaines parties me sont passées au-dessus, j'ai trouvé la journée bien employée !

Rédigé par davveld

Publié dans #Vacances, voyages

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