Si c'est un homme, de Primo Levi

Publié le 25 Septembre 2009


Après Le joueur d'échecs de Stefan Zweig, nouvelle plongée dans le processus de déshumanisation mis en place par le régime national-socialiste du Troisième Reich. Il ne s'agit pas de torture psychologique d'un individu, mais de l'asservissement et de l'extermination de populations entières, au moyen d'un système concentrationnaire "scientifique" inédit.

J'ai visité au moins 5 ou 6 fois Auschwitz-I et Auschwitz-II Birkenau, il ne reste rien d'Auschwitz-III Monowitz. J'ai aussi visité le premier des camps nazis, Dachau. J'ai déjà lu nombre de récits, voire des romans (La mort est mon métier de Robert Merle plusieurs fois) sur les camps de concentration et ceux d'extermination. J'ai visionné nombre de films sur le sujet (Nuit et brouillard et tant d'autres, jusqu'à La vie est belle). Je pensais donc savoir tout ce que l'on peut savoir, je pensais donc avoir fait le tour des questions -pas des réponses- que la Shoah peut soulever, à soixante-cinq ans de distance. Eh bien non. Primo Levi me démontre le contraire. Avec un style surprenant, presque détaché, il témoigne de son arrestation, en Italie, du trajet, de l'arrivée à Auschwitz (plus précisément dans un des camps du pôle de Monowitz, autour de l'usine de la Buna), du fonctionnement du camp, du travail, des sélections, de la débandade allemande, de l'attente, jusqu'à l'arrivée des troupes soviétiques. L'appendice de l'édition Pocket, écrit en 1976 alors que Primo Levi "accompagne" son livre lors de conférences et dans les classes depuis près de trente ans, est très éclairant sur ce "détachement" et sur nombre d'autres questions. Avec Si c'est un homme, non seulement je me vois rappelé que nous ne pourrons jamais saisir ce qu'il s'est passé dans ces camps (à moins de le subir), mais aussi que nous n'en saurons jamais assez sur la Shoah, que nous ne pourrons jamais porter un jugement sur ces survivants.

Alors souvenons-nous. Répétons, encore et encore, que l'impensable a été possible, à de trop nombreuses reprises: il y avait eu, avant la Shoah, l'Arménie. Et après la Shoah, l'innommable a encore été commis, au Cambodge, en Yougoslavie, au Rwanda... Quand on constate que l'humanité ne sait toujours pas empêcher de telles atrocités, il y a de quoi devenir profondément misanthrope. L'espérance d'un monde libéré de la menace de l'extermination d'une population ne peut raisonnablement s'appuyer sur l'espèce humaine. Heureusement, on peut fonder un espoir avec un Autre, et le voir à l'oeuvre, quand des survivants de ces mêmes innommables disent "stop à la haine".

Inutile de vous recommander de lire Si c'est un homme, si vous ne l'avez pas encore fait...



Pour en savoir plus:
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Le livre sur Wikipedia
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Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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