Expiation, de Ian McEwan

Publié le 29 Mars 2009


J'ai découvert Ian McEwan en octobre dernier, avec Sur la plage de Chesil. L'un de ses précédents romans, Expiation, adapté au cinéma sous le titre Reviens-moi, m'avait été fortement recommandé. Je n'avais pas vouloir voir le film malgré Keira Knightley, parce que l'histoire me semblait "sentimentale" style eau de rose, et puis il est toujours préférable de lire le livre avant de voir son adaptation.

Expiation est l'un des meilleurs romans que j'ai lu ces derniers mois. Clairement. Fait rare, j'ai choisi d'avancer dans le récit étant chez moi alors que j'avais pris l'habitude de ne lire que dans le métro.

L'auteur progresse lentement. Il y a trois temporalités dans le texte. La première partie, de loin la plus longue, se concentre sur une journée et la nuit suivante en août 1935. Les perspectives changent selon les chapitres, avec de légers chevauchements chronologiques. Que se passe-t-il dans cette propriété britannique ? Briony, 13 ans, sait qu'elle deviendra écrivain; ses textes permettront de faire passer des messages pour le monde qu'elle souhaite. Ce jour-là, pour accueillir son frère, elle propose à ses cousins (Lola, Jackson et Pierrot) de répéter une pièce de théâtre. Pendant ce temps, sa grande soeur Cecilia, cherche la bonne distance à mettre entre elle et Robbie, un fils de domestique parrainé par ses parents. Un homme d'affaires, Paul Marshall, est aussi des hôtes de la famille Tallis. Briony surprend plusieurs scènes entre sa soeur et Robbie, des scènes qui perturbent sa vision du monde. Quand, tard dans la nuit, sa cousine Lola sera approchée par un homme dans l'obscurité, Briony veut protéger Cecilia, Lola et les autres. Elle va donc dévoiler à tous ce qu'elle sait.

Deuxième partie. Le banni se retrouve sur les routes de France, en mai 1940, dans l'armée britannique. En ces jours tragiques, après la "drôle de guerre", le rouleau compresseur de la Wehrmacht et la sinistre Lufftwaffe mettent en déroute les armées alliées, enfonçant les défenses les unes après les autres. Les corps d'armée sont anéantis. Les troupes anglaises tentent tant bien que mal de rallier Dunkerque. Sur ces routes, harcelés par les Stukas, les soldats font face à l'horreur. Il faut tenir, pourtant. Avoir des promesses auxquelles se raccrocher.
De l'autre côté du Channel, le moral est bas, les préparatifs vont bon train. Briony fait son apprentissage d'infirmière, comme sa soeur Cecilia quelques années auparavant. Une école humiliante jusqu'à ce que les premiers rapatriés arrivent. Briony n'a pas renoncé à écrire. Mais elle doit aussi gérer sa conscience, qui la fait douter des scènes aperçues en 1935.

Enfin, en 1999. Briony a été publiée, mais tout n'est pas encore dit. Les protagonistes ont encore des secrets enfouis... mais l'écriture fait revivre le passé... ou peut permettre de le modifier !

L'évolution assez calme du récit dans ses premières dizaines de pages; beaucoup de détails s'accumulent. Si les nouvelles ont souvent le talent de poser une atmosphère en quelques lignes ou pages, il est parfois nécessaire de prendre le temps de décrire des états d'esprits, des environnements, qui, car ils sont humains et donc complexes, sont ici très convaincants et sonnent juste. Les personnages et les péripéties sont captivants.
Qui plus est, l'épisode de la retraite de Dunkerque, peu connu (forcément, il n'est pas glorieux), est traité magistralement. Avec Week-end à Zuydcoote, de Robert Merle (prix Goncourt pour ce roman quand même), que j'avais lu il y a quelques années, Expiation constitue ma deuxième source sur l'événement, et conforte la mesure de la grande portée psychologique que ce traumatisme.
Rien à ajouter concernant l'écriture et la traduction, très fluides et donc agréables à lire.

OK, maintenant je n'ai plus de raison de ne pas voir le film (surtout s'il y a Keira Knightley qui joue !)


Pour en savoir plus:
L'auteur sur Wikipedia
Le livre sur Wikipedia (voir les nombreuses éloges)
Site éditeur

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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Z
Euh, une bonne raison de pas voir le film: c'est moins bien que le livre! Enfin c'est bien joué, alors... En tout cas, je suis ravie que ca t'ait plu!
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D
<br /> <br /> Oui, ça je me doute bien que le film est moins bien que le livre, l'inverse est rarissime. Mais quand même, juste pour Keira (j'adore quand elle parle: so British...), non ?<br /> Comme tu étais la "prescriptrice" principale pour que je le lise, je comprends que tu sois contente qu'il m'ait plu ! Plu au point d'avoir pris beaucoup de retard sur d'autres choses et je me<br /> demande même si je n'ai pas posé un lapin à quelqu'un dans l'histoire (bon, le rendez-vous n'était pas confirmé, non plus).<br /> <br /> <br /> <br />