Rosa Candida, de Audur Ava Ólafsdóttir

Publié le 14 Août 2011

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Décidément, les éditions Zulma ont un goût très sûr. Zoyâ Pirzâd en français, déjà. Avec des couvertures, des maquettes et des polices de toute beauté, comme je le répète, mais c'est mérité. Cette fois-ci, c'est le texte d'une auteur islandaise (oui, les patronymes ne sont pas évidents) qui bénéficie de cette présentation de grande qualité. Là encore, c'est mérité.

 

Un roman islandais... ça doit être le premier que je lis. Humour et auto-dérision britannique ou scandinave (je pense, un peu, à Arto Paasilinna) affleurent. Rosa Candida, un festival où les sens sont mis à contribution l'air de rien, constitue une invitation singulière au voyage. Nous suivons le jeune Arnljótur, vingt-deux ans, qui s'apprête à quitter le foyer parental. Sa mère est morte quelques mois auparavant dans un accident de voiture. Son père, électricien à la retraite, cherche de nouveaux repères. Le frère jumeau d'Arnljótur, autiste, se trouve quant à lui un peu dans son monde. Notre héros est aussi père, malgré lui. Une passade dans la serre familiale avec Anna, la petite amie d'un ami, et la voici enceinte, alors qu'Anna et lui ne se connaissent qu'à peine et ne forment pas un couple.

 

La grande passion d'Arnljótur - comme sa mère -, ce sont les fleurs, et plus particulièrement les roses. Quand il part de chez lui, c'est pour aller dans un pays étranger, jamais nommé, direction un monastère dont le jardin, réputé dans le monde entier pour sa roseraie, est quasiment à l'abandon. Il s'est proposé pour le sauver, et transporte pendant son trajet des bulbes d'une espèce inédite de rose, à huit pétales.

 

Récit initiatique assez classique, Rosa Candida surprend néanmoins et enthousiasme par sa poésie simple, son éloge des éléments, sa façon - comme je l'écrivais - de mobiliser les sens (grande importance évidemment de la vue, de l'odorat pour les fleurs; il est aussi beaucoup question de cuisine, de films, de langues, et également de corps). La nature sauvage de l'Islande, l'isolement du village et la paix monastique transparaissent. Le plaisir de lecture réside enfin dans quelques phrases courtes, éblouissantes:

 

Lorsque je reviens à la pension, je tombe sur frère Thomas dans l'entrée.
"Tu es le bienvenu, si tu veux passer voir les regrets avec moi.
- Les quoi ?
- La nostalgie. Il faut regarder la souffrance dans les yeux pour pouvoir partager celle de ceux qui souffrent." (Page 171)

 

La beauté est dans l'âme de celui qui regarde. (Page 173).

 

 


 

Pour en savoir plus :

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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