Chambre numéro 10, de Åke Edwardson

Publié le 26 Janvier 2011

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J'avais laissé le commissaire Erik Winter après une de ses enquêtes en septembre; mais Åke Edwardson lui avait encore concocté quelques énigmes à résoudre. Chambre numéro 10 a été publié en 2005 et se déroule en ce début de millénaire (le changement de millénaire avait d'ailleurs servi de support à l'un des précédents romans); l'enquêteur de Göteborg a maintenant deux enfants, commence à ressentir le besoin de changer d'air - ou plutôt de passer quelques mois en Espagne pour échapper à l'hiver suédois, revit l'une de ses premières enquêtes, dans les années 1980... mais on est loin des Experts et autres limiers télévisuels: certes, les légistes ont un rôle à jouer, mais guère plus que pour le commissaire Maigret chez Simenon ! Les "concessions" à l'ère technologique restent peu nombreuses dans le polar edwardsonien ; il y a les téléphones portables, la vidéo-surveillance... Demeure le fondamental, c'est-à-dire ces hommes et ces femmes cabossés, riches en secrets, contradictions et doutes, ces sociétés occidentales traversées de fragilités multiples.

 

Dans Chambre numéro 10, un apparent suicide par pendaison est rapidement requalifié en meurtre. La victime avait une main peinte en blanche. Comme souvent chez Edwardson, c'est la solitude des urbains qui frappe. Des parents muets, pas d'amis qui se manifestent, de connaissances à interroger. Mais la chambre d'hôtel où a eu lieu le meurtre rappelle à Erik Winter l'une de ses premières affaires donc, qui n'avait pas été élucidée. Il y a bien des pièces, mais appartiennent-elles au même puzzle ? La recomposition sera marquée par le doute, alors que le temps passe avant le début du congé de longue durée demandé par le commissaire pour passer quelques mois avec ses proches, sous le soleil hispanique. Difficile de faire émerger des secrets si bien enfouis...

 

Bon, ce n'est pas le meilleur de la série, mais on prend plaisir à suivre l'équipe d'enquêteurs qu'on commence à bien connaître. Deux interrogations transparaissent. Premièrement, le crime semble plus violent, plus insupportable qu'avant, mais c'est la banalité de la vie hors du crime qui est de plus en plus dure. Deuxièmement, malgré ce sentiment de dégradation, de dégénérescence pour parler comme le prof de philo, l'être humain est animé d'une force, d'un espoir qui le fait survivre, voire se tenir debout. Des thèmes pour lesquels Edwardson n'a aucun mérite, mais ses polars les déclinent, ce qui les fait sonner justes, d'où ma fidélité à la série !

 


 

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Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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