Le secret de Copernic, de Jean-Pierre Luminet

Publié le 12 Avril 2009


La Renaissance et le début de l'ère moderne sont mes périodes préférées en histoire. Parce que durant ces quelques siècles (XV-XVIIIème), beaucoup de choses changent, qui marquent profondément notre monde contemporain. J'aime beaucoup les romans historiques, introductions à des textes plus poussés sur certains thèmes. Sur la période, il y a notamment la fresque Fortune de France, du regretté Robert Merle, ou le roman de Nostradamus par Valerio Evangelisti, ou dans des registres différents, les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, voire la série Nicolas Le Floch de Jean-François Parot, aux Grands Détectives (récemment adaptée en téléfilms sur France 2). J'en oublie sûrement, vu que je raffole du genre !

On m'a offert à mon anniversaire Le secret de Copernic, de Jean-Pierre Luminet. Paru en 2006, pour ouvrir une série sur "Les bâtisseurs du ciel", le roman s'intéresse, vous l'aurez compris, à la vie de Nicolas Copernic. Un cadeau pas choisi par hasard, car en plus d'aimer le roman historique, il y a un clin d'oeil: j'ai étudié quelques mois, à Cracovie, dans la même université de l'illustre astronome ! Je suis passé des centaines de fois devant la statue de Copernic en face du Collegium Novum, j'ai visité le Collegium Maius, lieu historique de l'une des plus vieilles universités européennes... J'ai aussi visité la maison natale de Copernic, à Torun, durant les premiers jours de mon année Erasmus. Les souvenirs sont encore frais, même si c'était déjà il y cinq ans et demi.

Bref. Copernic a étudié à Cracovie, mais aussi en Italie (Erasmus avant l'heure: quand je disais que certaines des idées de cette époque sont d'une actualité bluffante...). Pour Jean-Pierre Luminet, Copernic ne se destinait pas précisément à l'astronomie. Comme les "honnêtes hommes" de la Renaissance, il touche un peu à tout. Diplomate/espion (la nuance demeure fragile), mathématicien, étudiant en médecine... et bien sûr en droit canon et autres matières du tronc commun... Héritier d'un fief, il doit composer avec les autres pouvoirs qui s'enchevêtrent: les chevaliers teutoniques, la couronne polonaise, le Pape... alors que le monde est bouleversé: Vespucci, Colomb, de Vinci, mais aussi Luther, Erasme interrogent, consciemment ou non, les piliers qui composent l'ordre établi. Copernic aussi. Oui, le système ptoléméen (la Terre au centre de l'Univers) ne correspond pas à sa vision de la beauté de la création. Avec l'héliocentrisme (la Terre comme une planète parmi d'autres, tournant autour du Soleil), il sait que la pensée va être renouvelée. Mais en attendant, il s'expose à la critique, car l'Eglise, qu'elle soit "papiste" ou "réformée", n'est pas prête à un tel chamboulement.

Le secret de Copernic, c'est un texte bien tourné, avec une notice finale expliquant les éléments "historiquement admis" pour les distinguer des péripéties "vraisemblables" (ou pas complètement improbables) selon le romancier. Il ne s'agit pas d'une apologie du savant, ni d'un pamphlet; en montrant son humanité, l'auteur rappelle que le génie ne surgit pas forcément où on l'attend... C'est une démonstration de plus de l'unicité de l'Europe; depuis des siècles, les histoires des peuples s'entremêlent, les idées ne connaissent pas les frontières...

Allez, je me permettrais un petit regret: le livre manque un peu d'originalité, ou de "couleurs". Robert Merle a su, au début de Fortune de France, intégrer des expressions et du vocabulaire de l'époque, qui ajoutent à la fois authentique et exotisme aux dialogues. Jean-Pierre Luminet est beaucoup plus classique à cet égard. Mais bon, pas facile de renouveler le genre non plus !


Pour en savoir plus:
L'auteur sur Wikipedia (où l'on voit qu'on peut encore être scientifique et écrivain)
Site éditeur

 

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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