L'Africain, de J. M. G. Le Clézio
Publié le 31 Janvier 2009
En quelques jours, deuxième récit d'une célébrité du monde occidental qui raconte ses racines africaines, et plus particulièrement paternelles. "En quelques jours" car j'avais fini le premier peu
avant de publier un billet correspondant sur le blog, et que ce second est non seulement beaucoup plus court (125 pages, aérées et
très illustrées pour un poche) et plus rapide à lire car impliquant moins de personnages.
Lors de l'élection de J. M. G. Le Clézio comme Prix Nobel de Littérature 2008, une amie américaine me disait partager la joie des compatriotes de l'écrivain - tiens, c'est nous. Je me suis rendu
compte, comme souvent, que je n'avais rien lu de Le Clézio. Quelques jours après, à ma librairie,
je tombe sur la réédition Folio de L'Africain. Court, et tout-à-fait dans mes centres d'intérêt (qui comprend la découverte du continent africain à travers la
littérature), je n'ai pas hésité.
Donc L'Africain. Le récit de la vie du père de J. M. G. Le Clézio, médecin de brousse en Guyane mais surtout dans l'actuel Cameroun, pendant des décennies. Les photos
tirées de l'album familial. Et les sensations, à chaque page: des noms qui sonnent, des senteurs, des musiques, des paysages, des couleurs, des goûts, des matières... La mémoire sensorielle
tourne ici très intensément. En nous faisant partager cette palette de souvenirs, dont certains s'appuient sur l'inconscient collectif des Européens s'intéressant à l'Afrique, l'auteur parvient à
nous faire entrer dans la vie d'un personnage hors norme.
Comment, après plusieurs expériences -volontaires au début, par la suite moins- d'expatriation (encore faut-il considérer son point de départ comme sa patrie), après avoir été grisé par le
sentiment de liberté qu'offre l'Afrique encore vierge des maux de la colonisation et de la mondialisation (il y a d'autres problèmes, c'est sûr, mais les Blancs ont bien aggravé les choses),
comment donc abandonner cette terre d'adoption ? La question universelle du déracinement puis du retour dans son milieu d'origine est là... posée différemment que par Barack Obama, mais là tout de même. On pourrait essayer de faire dialoguer ces deux ouvrages... Mais je vais laisser ce soin à des
littéraires !
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