Bohème, de Mathieu Gaborit

Publié le 26 Juillet 2010

Pioché un peu au hasard sur les étagères du Comptoir des Mots, au-dessus du frigo (c'est le coin science-fiction), Bohème, du français Mathieu Gaborit, paru début juin en poche, fait preuve d'une belle ambition. L'univers imaginé est complexe, élaboré, soigné.

Après la révolution industrielle, la planète est soudain devenue plus hostile, avec l'apparition d'une substance étrange et mortelle, l'écryme. Pour se déplacer, des traverses suspendues à des pilones, les échasses, la voie des airs (essentiellement en mongolfières). L'Europe est dirigée par un régime assez dictatorial, s'appuyant sur les grandes fortunes avec le relais d'une administration puissante et de services parallèles redoutables.

Nous suivons Louise Kechelev, fille de révolutionnaires, "avocat-duelliste" (les duels d'intermédiaires comme mode "légal" de résolution des différends, encore un exemple de la belle construction de Mathieu Gaborit), chargée de négocier l'épave du dirigeable affrêté par ses parents, chargé de contrebande à destination des révolutionnaires moscovites, mais qui s'est échoué dans l'écryme. Pas question de laisser la "Propagande" mettre la main dessus...

Les mondes traversés restent assez peu expliqués... puis le récit se déplace à Moscou, où le régime est très sérieusement mis en danger par les révolutionnaires, jusqu'à ce que des créatures invincibles n'apparaissent. Louise Kechelev est appelée à jouer un rôle-clé pour la révolution. Il s'agit, ni plus ni moins, que de vaincre l'ère des machines, en redonnant du pouvoir aux émotions et à l'imaginaire, à l'esprit de Bohème en quelque sorte !

Comme je l'écrivais, j'ai beaucoup apprécié l'univers créé par l'auteur, mais quelque part, j'ai un léger regret; c'est que ces pistes n'aient été plus utilisées dans l'intrigue. Le risque aurait certes été de se disperser... mais on est un peu frustré de ne pas explorer un peu plus les possibilités d'un tel monde !

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