Le complot contre l'Amérique, de Philip Roth (2)
Publié le 13 Décembre 2006
J'avais annoncé la
semaine dernière que j'avais commencé Le Complot contre l'Amérique, de Philip Roth, et que, pour plein de raisons, je devrais vite le finir. C'est en effet chose faite... et c'est vachement
bien ! D'abord, ça se lit bien (bon c'est la traduction, mais en général la VO n'est pas moins bonne...).
Mais surtout, c'est une extrapolation très fine, très plausible, et très inquiétante de ce
que seraient devenus les Etats-Unis si Lindbergh, aux accointances connues avec le régime nazi, était entré à la Maison Blanche. Vous savez, ces fameux moments où tout peut basculer... Il y en a
tellement, et beaucoup passent inaperçus. Alors si nous avons des écrivains comme Philip Roth (et Bernard Werber par exemple) pour développer des
Arbres des possibles, moi je pense que je vais beaucoup lire. Car se distraire (et se faire interpeller sur le sujet) sur "ce qui aurait pu arriver si...", ça me va. En revanche, dans la "vraie vie", je suis de ceux qui excluent les débats "et si on
avait fait ça..." car ce qui compte, c'est d'aller de l'avant.
Pour en revenir au complot contre l'Amérique, Philip Roth montre bien l'engrenage de la peur.
Peur des Juifs, peur ressentie par les Juifs, peur de la peur, etc. Je disais "extrapolation très fine" plus haut, car il ne s'agit pas de mettre tout le monde dans le même panier, au contraire:
entre Juifs collabos et résistants, entre voisins solidaires et "traîtres" dans les familles, rien n'est simple. Non, rien n'est simple, et l'auteur explique que, de petites étapes en petites
étapes, même les démocraties les plus solides peuvent céder à l'intolérance et au génocide d'une partie de la population. Nous ne sommes jamais à l'abri... Ce qui fournit une réponse à ma
question, là. Jouer avec le feu, c'est déjà accepter de risquer d'en perdre le contrôle et de s'en mordre les doigts après (tiens,
ça plairait à C. de Ponfilly, ça...).
Alors, risquophile ou risquophobe ?
Moi-même, je ne sais plus :S