Nouvelles (Première partie, L'apprenti), d'Anton Tchekhov

Publié le 18 Juillet 2009


Ce pavé de 970 pages (pas vraiment du "livre de poche", mais bon...) comprend près de 90 nouvelles, et est décomposé en trois parties chronologiques (L'apprenti 1880-1887, L'ouvrier 1888-1894, et Le maître 1895-1903). La première rassemble plus de soixante textes, en moyenne bien plus courts que les suivants (d'une demi-page à vingt pages). Je n'ai pour l'instant lu "que" cette première partie, "que" ces soixante nouvelles, mais je fais une petite pause de Tchekhov avant d'attaquer la suite !

Tchekhov, je l'avais découvert sur scène puis en livret. Et je suis content de continuer à explorer son oeuvre. Ici, des scènes de vie ordinaires dans la Russie des années 1880. Scènes rurales ou urbaines, anecdotes de paysans, de magistrats, d'artistes, d'aristocrates... l'éventail est large. A chaque fois, l'auteur dresse, en quelques phrases précises et justes, des portraits extrêmement réalistes, qui, sans avoir de prétention naturaliste (je pense à Zola), nous en disent beaucoup sur une époque (pas forcément révolue, la civilisation slave et les coutumes russes ont des persistances à travers les siècles), sur des milieux sociaux... sans renoncer non plus à une certaine universalité (des adultères, des histoires de justice, des anecdotes de voyageurs...). On est impressionné par les talents d'observation de Tchekhov, qui fait ressortir subtilement de chaque récit une humanité authentique.

L'une de mes nouvelles préférées dans cette première partie a pour titre La sirène. Elle date de 1887 et retranscrit les discussions entre plusieurs magistrats qui en attendent un autre pour déjeuner. Ils ont faim, et parlent donc de repas et de boissons, accentuant d'autant plus leur sensation de faim ! Extrait:

- Que me dites-vous, mon bon Grigory Savvitch ? Le canard ou la bécasse rendent dix points à l'oie ! Le bouquet de l'oie n'a ni tendresse ni délicatesse. Ce qui a l'odeur la plus piquante, c'est le jeune oignon, lorsque, vous savez, il commence à rissoler et que, par toute la maison, on l'entend chuinter, le polisson ! Voilà. Et quand vous entrez dans la maison, la table doit déjà être mise, si bien qu'une fois assis il ne vous reste plus qu'à mettre la serviette derrière la cravate et à tendre la main pour attraper un carafon de chère petite vodka. Mais elle, la petite mère chérie, il ne faut pas la verser dans un petit verre, mais dans quelque timbale antédiluvienne en argent ayant appartenu à votre grand-père, ou alors dans un ballon ventru portant l'inscription 'Les saints moines en consomment aussi'. Et ne la buvez pas tout de suite, mais commencez par soupirer, par vous frotter les mains, par regarder le plafond d'un air indifférent; puis, sans hâte, vous l'approchez de vos lèvres, la chère petite et... aussitôt votre estomac vous envoie des étincelles par tout le corps.



Plein d'autres textes m'ont bien plu, je ne vais pas arriver à choisir d'autres extraits... mais comme chaque nouvelle se lit en quelques minutes, n'hésitez pas à les découvrir vous-mêmes !



Pour en savoir plus:
Anton Tchekhov sur Wikipedia
Site éditeur

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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