Poulet-bicyclette et Cie, de Florent Couao-Zotti

Publié le 3 Septembre 2008


Wikipedia sur l'auteur - Site éditeur


Suite de la plongée dans le monde de la littérature africaine francophone. Nous sommes ici au Bénin. Le Bénin, c'est l'un des pays d'intervention de l'ONG où je bosse. Je connais donc, à travers des rapports, des récits, des photos. Autant dire que je ne connais pas, même si des noms ne sont pas totalement étrangers à mes yeux ;)

Le Bénin, c'est le pays du vaudou. Et la plupart des nouvelles de ce recueil sont marqués par ce mélange entre religion, croyance, superstition, tradition, etc. Ce qui est sûr, c'est que nombre des contraintes imposées par le vaudou et ses griots sont révoltantes pour le lecteur français baignant dans l'esprit des Lumières. Mais aussi pour l'auteur, qui, sans s'impliquer dans la narration, met au grand jour des pratiques et des coutumes particulièrement cruelles envers les femmes et les enfants (le trafic d'enfants est un très gros problème au Bénin; certains sont accusés de sorcellerie et sont tous simplement exclus, martyrisés, voire "éliminés"). Face à ces problèmes (particulièrement choquant dans notre culture occidentale contemporaine avec la place de l'enfant résumée par la formule de l'enfant-roi), les solutions manquent...

Le Bénin de Florent Couao-Zotti, c'est aussi celui des petits contrebandiers, du royaume de la débrouille. J'ai beaucoup aimé l'une des rares nouvelles plus "légères", celle où le narrateur est une voiture qui raconte les troisième, quatrième, cinquième vies que ses propriétaires successifs lui destinent. Les autres nouvelles sont aussi bien construites et écrites, mais dégagent, à force, une impression de fatalité (malgré les rébellions de quelques-uns), une impression que le chemin vers plus de respect de chaque être humain sera extrêmement long...

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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B
Je ne sais pas, monsieur, si on a lu le même livre. Certes, il y a une violence certaine dans les nouvelles, mais l'ensemble du recueil, quand moi je l'ai lu, dégage une atmosphère de beauté et de quelque chose d'attachant. La littérature n'est pas une succession de  tableaux de rires et de légèretés. C'est la capacité de l'auteur d'émouvoir, de faire vibrer. On peut trouver de la légèreté partout, mais ce n'est ça qui détermine la qualité d'un texte.
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D
<br /> <br /> Nous avons très vraisemblablement lu le même livre. Je ne pense pas que la qualité d'un texte dépende de sa légèreté. Je suis d'accord, la littérature n'a pas (que) pour vocation de détendre.<br /> Ce qui me gêne, en fait, c'est que la lecture de la presse (et le traitement médiatique en général, avec certes quelque exceptions) donne une image très dure, très négative de l'Afrique. Que des<br /> documents que je suis amené à lire dans le cadre de mon travail, notamment concernant le Bénin, ne contribuent pas à améliorer ce regard.<br /> J'espérais trouver sous la plume de l'écrivain africain, justement soumis à son imagination et pas forcément prisonnier des réalités peu réjouissantes, un univers plus flatteur pour le "continent<br /> noir". Une attente pas forcément pertinente, je veux bien en convenir. Mais une attente déçue.<br /> <br /> <br /> <br />