Une journée d'Ivan Denisovitch, d'Alexandre Soljenitsyne
Publié le 13 Juin 2008
Soljenitsyne sur Wikipedia - Le livre sur Wikipedia - Site éditeur
Il y a déjà bien plus d'un mois, entre l'Indiana et l'Ohio, j'avais assisté à des mini-soutenances de mémoires. Une des étudiantes
présentait Une journée d'Ivan Denisovitch, d'Alexandre Soljenitsyne, et avait analysé la façon dont le héros s'applique à construire un mur, en tant que bagnard. Elle y
avait trouvé un message chrétien - nous nous trouvions aussi dans une université chrétienne. Son exposé ayant été très intéressant, et comme Soljenitsyne faisait partie de ma liste d'auteurs à
avoir lu (d'autant plus qu'au lycée, j'étais passionné d'histoire russe), je suis allé l'acheter.
Le livre fait 180 pages, et n'est pas chapitré, manière de donner une continuité à la journée de notre héros. Ivan Denissovitch Choukhov a été fait prisonnier par l'armée allemande pendant
quelques heures lors de la Seconde Guerre Mondiale. Suspecté de connivence avec l'ennemi, donc coupable, il est condamné à 10 ans de bagne. Il essaie donc de survivre au goulag, en Asie centrale.
Où, naturellement, il fait froid. Soljenitsyne décrit (avec expérience) une journée ordinaire, sans événements majeurs, une "bonne" journée même dans la mesure où Ivan mangera plus que le strict
minimum et se serait presque fait plaisir en travaillant. S'il décrit un environnement particulièrement inhumain, Soljenitsyne ne fait pas dans la caricature: il existe des solidarités dans ces
camps, certains gardiens sont moins bornés que d'autres, et puis on n'est pas dans un processus de négation de l'humanité comme chez les Nazis. Le goulag est une arme du totalitarisme, mais
l'espoir subsiste, toujours.
Du coup, le message est très chrétien. Ce qui est paradoxal ! Il faut savoir que Khrouchtchev avait autorisé la publication de ce livre en 1962, y voyant une dénonciation du culte de la
personnalité de Staline. Il avait d'étranges lunettes, parce que le "Père la Moustache" n'est qu'à peine évoqué dans le récit. Le livre n'en demeure pas moins un OVNI dans le monde soviétique !
Quant à L'Archipel du Goulag, LE livre de Soljenitsyne, il reprendrait, selon la préface, des éléments de La Journée..., donc je ne vais pas
m'y mettre tout de suite, je risquerais d'y trouver des redites.