Les enfants du presbytère, extraits (2)

Publié le 16 Novembre 2005

J'ai fini le livre, voici encore des extraits qui me semblent bien résumer l'esprit du texte:

  • La pratique et le sentiment religieux:

"On notera que l'abandon de toute pratique ne correspond pas à l'abandon du sentiment religieux ni de la foi. Il est bien spécifié par un certain nombre de personnes, difficilement évaluable, que la foi ou le sentiment religieux sont indépendants de toute pratique dite religieuse. L'on remarquera que la nation de foi recouvre un sentiment personnel qui se sépare des explications théologiques recherchées par certains." (page 242)
"Il apparaît que la révolte réactive le sentiment religieux dans la descendance pastorale." (page 247)

  • La transmission pastorale:

"Les objets de la transmission pastorale, s'ils sont communs à tous, ne sont donc pas repris par la majorité des enfants. Ils font néanmoins de ces objets des sujets de réflexion et adoptent des positions personnelles très individualisées qui si elles ne s'accordent pas au religieux sont déviées vers des attitudes morales indéniables." (page 245)

  • La sécularisation:

"L'enfant de pasteur dans cette perspective tripartite de la pratique, de l'intériorisation et de la géographie pastorale est le creuset de la sécularisation de sa religion d'origine. La religion de ce fait disparaît du paysage pastoral alors qu'elle est la matière constitutive de l'individu qu'elle a produit." (page 250)

  • La famille:

"Le sens de la famille que la Réforme avait donné aux familles pastorales perdure aujourd'hui encore." (page 263)

  • Le souvenir du presbytère:

"Le souvenir du presbytère est vivant pour tous les enfants de pasteurs que nous avons rencontrés. Il est, avec les objets de la transmission religieuse que j'ai tenté de mettre en évidence, un ciment vital qui peut sans cesse être ressaisi." (pages 263-264)

  • L'importance de la culture:

"Les activités culturelles vont en effet bon train depuis la plus tendre enfance dans la grande majorité des presbytères. Les sujets abordés sont mis au même niveau, et lorsqu'il n'y a pas extension des domaines, elles est vivement regrettée." (page 268)
"La musique au presbytère et dans sa descendance fait indiscutablement partie du patrimoine culturel légué aux enfants." (page 280)
"Les enfants de pasteurs, parce que la fréquentation des arts est très tôt suscitée par les parents, comprennent qu'ils sont inclus dans un processus créatif indissociable de leur vie. Le bien et le beau dans ce processus poétique sont intimement liés et le beau fait oeuvre utile au développement de chacun." (page 281)

  • Le doute, la curiosité:

"La pédagogie presbytérale est donc essentiellement ouverte sur l'infinie interrogation" (page 269)

  • L'ascension sociale:

"Le désir implicite vise à l'ascension sociale. Il ne nous est pas apparu dans l'enquête que le souci premier ait été lié à cette préoccupation. Ce qui est désiré, en effet, n'est pas en lien avec une affirmation sociale. La volonté presbytérale repose sur le maintien et le développement du patrimoine culturel. Les positions sociales sont induites fortuitement dans ce mode d'induction. Elles ne sont pas les premières visées dans le parcours pédagogiques." (page 286)

  • L'esprit de responsabilité:

"Les enfants de pasteurs qui interprètent leur profession comme une vocation ajoutent au partiel désintéressement leur volonté d'efficience sur leur environnement professionnel. Ils se sentent responsables avant d'être employés." (page 287)

  • Les mutations:

"La représentation du pasteur ou de la pasteure que chacun peut avoir et a encore permet d'accorder au presbytère sa survie malgré la professionnalisation et les changements de ces dernières décennies, qui ont été au demeurant peu sensibles dans le cadre de l'enquête. Le regard que portes les enfants sur les changements a toujours existé. En effet, le protestantisme s'est présenté comme une religion en métamorphose permanente, comme une institution toujours à réformer. Le sens critique et l'individualisation du sentiment religieux portent l'ethnie disparate que j'ai tenté d'examiner à se sortir d'un noeud de difficultés, de souffrances et d'obligations particulièrement prégnantes au presbytère. Un désir d'harmonie au monde, une force d'engagement au travers des professions se dessine pourtant dans la descendance presbytérale." (page 291)

  • Les mots de la fin

"Protester et résister pour se construire et pour construire dans une perspective réformatrice. Les objets de la transmission pastorale sont faits de ces verbes." (page 291)

"Fragiles mais soucieux de s'interroger, les enfants du presbytère, après avoir vécu la modernité réformatrice ont éprouvé l'ultramodernisme comme des précurseurs. L'intériorité presbytérale, parce qu'elle a touché tôt ses habitants et depuis longtemps peut enfin adhérer au présent.
Le presbytère n'est alors plus vraiment en marge. Il l'a longtemps été. Peut-être parce qu'il ne l'est plus, est-il amené à disparaître ? A moins qu'il ne puisse dans ses protestations futures proposer de nouvelles inventions.
Les enfants du presbytère sont sortis de leur religion, pour la majorité d'entre eux, ils se sentent protestants mais désinstitutionnalisés, ils ont acquis une liberté de pensée sans se sentir libres toujours. Les messages qu'ils ont reçus les ont enserrés dans des contradictions sévères où l'infinitude s'est cognée au quotidien, la générosité à la misanthropie, et l'angoisse au désir de sagesse.
Que les enfants aient admiré ou non leur parent, le presbytère leur a offert en partage des questions à débattre, toujours." (pages 292-293, fin)

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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D
bonsoir!<br /> je suis la fille de Claire-Lise Weick. <br /> Elle tient à vous exprimer sa fierté de voir en ligne tant d'extraits de son livre....<br /> Elle vous enverra un mot dès qu'elle aura récupéré sa connection à internet....
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