Lolita, de Vladimir Nabokov

Publié le 19 Août 2007

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Rarement un livre m'aura été autant recommandé, d'abord par lui, et puis aussi par elle. Il fallait donc que je m'y mettes. C'est chose faite. Donc Lolita est un livre à scandale. A sa parution, pour ses passages "osés" (aujourd'hui tout à fait acceptés), et aujourd'hui, pour la lecture "pro-pédophilie" que certains, au jugement un peu rapide, y voient (le sujet de l'évolution historique des perceptions sociales de la pédophilie pourrait d'ailleurs l'objet d'une note passionnante chez Badtz -je mentionne ça en passant-). Bref, c'est l'histoire d'un quadra attiré par les pré-ados, et qui réussira à vivre plusieurs années en compagnie de Lolita, soit dit en passant pas si innocente que ce que la "bien-pensance" souhaiterait. En se faisant passer pour son père, pour ajouter une petite note incestueuse au scandale. Ils pérégrinent à travers les Etats-Unis, sachant pertinemment que la situation est extrêmement fragile, précaire, et qu'elle finira par un drame.

C'est d'ailleurs cette absolue certitude du drame (forcément, le narrateur fait mine de rédiger des mémoires où il pourra, à défaut de se faire comprendre, raconter sa version des choses à un jury) qui pointe dans la très grande majorité du roman, le drame ne survenant finalement qu'assez tard. Presque un peu trop à mon goût, j'aurais souhaité plus de développement sur "l'après". Mais le tour de force de Nabokov (attention évidemment, narrateur rime avec auteur, mais ce n'est pas la même personne !) est de nous mettre dans la peau d'un humain. D'un humain avec un grave problème, certes, mais un humain avec un coeur, une culture, une conscience.

Le narrateur est finalement quelqu'un pour qui le bonheur n'est que précaire. Ca a l'air une évidence, et pourtant. Que ce soit pour des plaisirs interdits ou pour ce qui est communément perçu comme "les éléments d'une vie heureuse", a-t-on conscience de courir derrière quelque chose d'intrinsiquèment si fragile ? Inconsciemment oui, ça doit même faire partie du sel de cette quête du Graal. Mais quand on l'a, ce Graal, le savoure-t-on vraiment ? Ou sommes-nous déjà à la recherche d'un autre quelque chose ?

Lolita, c'est la fragilité de l'humain, sa fuite en avant. C'est aussi, et entre autres, une fresque de la société rurale américaine du milieu du vingtième siècle, une discrète interpellation sur les définitions de ce qui est moral et de ce qui ne l'est pas, un savant crescendo de suspense, une histoire d'amour à la fois banale et atypique... et j'en oublie sûrement.

Il n'y a qu'à lire le bon article sur le livre dans Wikipedia pour en savoir plus. Au fait, je comprends mieux maintenant le tube d'Alizée "Moi... Lolita"...

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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