Le président des riches, de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

Publié le 3 Mars 2015

Le président des riches, de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

Le président des riches. Enquête sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy date, pour cette édition revue et augmentée, de 2011. Le couple de sociologues (anciens directeurs au CNRS), compte plus de vingt-cinq années d'exercice dans l'analyse des élites françaises et une bonne série d'ouvrages sur le sujet. Ils constituent donc des références, et accordent parfois des interviews expliquant leurs travaux. Le président des riches a rencontré un vrai succès, puisqu'au moment de la nouvelle édition, plus de 100 000 exemplaires en avaient été vendus (ce qui n'est pas rien pour ce type de document !).

À partir de l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Élysée en mai 2007, les deux chercheurs ont compilé ses discours et surtout ses actes, en particulier dans le domaine fiscal et économique. Les faits sont accablants. Plus que le décalage entre les mots et les réalités, ce qui est mis en lumière, c'est comment la politique menée par Nicolas Sarkozy et sa majorité ont contribué à encore accroître la richesse des plus aisés, comment des stratagèmes ont été trouvés pour leur faire éviter l'impôt, comment, alors que les services publics destinés au plus grand nombre et plus particulièrement aux plus nécessiteux ont été obligés de faire toujours plus avec moins alors que dans le même temps tout était fait pour récompenser une oligarchie obsédée par l'accumulation d'argent au mépris de toute responsabilité envers la société. C'est d'une immoralité telle que la lecture suscite parfois des hauts le coeur, alors qu'il ne s'agit que de faits (politiques, législatifs, relatés par la presse).

Bien sûr, la présentation de ces données est engagée, fait appel à une notion de classes sociales (selon l'idée que leur "disparition" servirait en fait les intérêts des dominants, et c'est bien argumenté); cela donnera des boutons à quelques inconditionnels de l'UMP, mais les sources sont référencées, rien n'interdit d'essayer de les contredire.

Ce qui est tragique, c'est que François Hollande, "ennemi de la finance" avant l'élection, et libéral après son accession à l'Élysée, poursuit, peut-être moins massivement, en tous cas plus discrètement, cette tendance qui accroît les inégalités ; ceux qui n'appartiennent pas à l'élite subissent davantage d'impôts pour des services publics exsangues, ils sont soumis à plus de précarité, alors que les plus riches continuent à voir leurs intérêts protégés.

Alors que Nicolas Sarkozy est de retour sur la scène politique, alors qu'il semble manquer d'idées (mais les discours du précédent mandat l'ont un peu privé de ressources en termes de mensonges à proposer aux électeurs), alors que le parti socialiste aux affaires n'a pas le courage de mener une vraie politique de gauche, on pourrait manquer d'espoir. Mais les sociologues donnent des pistes. La première, c'est de se réapproprier une compréhension de ce qui se passe. Informés (dégoûtés aussi), on peut essayer de ne pas être dupes. Tant que nous disposons du droit de vote (notamment), nous pouvons chercher à imposer démocratiquement davantage de justice. Difficile de ne pas y voir un devoir, vital, pour notre société. Les chantages d'une minorité ne peuvent pas vaincre la volonté du plus grand nombre !

Pour en savoir plus:

Rédigé par davveld

Publié dans #Livres

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S
Je te l'emprunterai bien à l'occasion...
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D
Il faudra que j'y pense la prochaine fois qu'on se verra, mais volontiers.