Contes de l'âge d'or

Publié le 3 Janvier 2010

Samedi 2 janvier 2010
Paris 19, MK2 Quai de Seine

CONTES DE L'AGE D'OR

Moyens métrages de I. Uricaru, H. Höfer, R. Marculescu, C. Popescu, C. Mungiu (Roumanie, 2009)

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TELERAMA

Mon appréciation: 6/10

Il y a quelques années, je m'étais beaucoup investi dans une association franco-polonaise, qui avait notamment comme -ambitieux- objectif de mieux faire apprécier les pays de ce qu'on appelle l'Europe centrale et orientale. Né un peu tard pour connaître les préjugés sur "les pays de l'Est", j'avais du mal à comprendre ces clichés de villes grises, de tiers-monde etc, que beaucoup semblaient partager. Eh bien la Roumanie de Ceaucescu, dépeinte dans ces quatre moyens métrages, ressemble à un pays où le Moyen-Âge ne date que d'hier. On lui a ajouté le courant "alternatif" (il y a de l'électricité par moments). L'obscurantisme ? On baigne dedans.

Un village se prépare au passage du convoi d'un dirigeant. Le convoi est précédé d'une tournée d'inspection. Le maire téléphone aux maires des communes déjà traversées pour savoir ce qui est attendu... quand bien même cela n'a aucun sens. Il faut montrer la prospérité: mettez des vaches. La joie: des pigeons... Quand le camarade inspecteur arrive, il rappelle qu'un invité indien sera du convoi: il faut donc faire partir les vaches, mais courir aux alpages pour faire revenir les bergers et leurs moutons. Des pigeons ? Il y en a deux, gris, il en faudrait plusieurs dizaines, blancs... Toute la population se plie aux ordres de l'inspecteur, mais bien sûr dans l'enthousiasme et la liesse (!), un ordre les fera tourner en rond pendant de longues heures.

Un autre village, encore plus coupé du monde. Depuis que le Parti a décrété la guerre à l'analphabétisme, des activistes parcourent la campagne et vont éduquer les masses. Les adultes envoient les enfants à l'école, mais ne viennent pas, eux (ils perdraient la face). L'activiste accepte les cadeaux d'excuses mais ne cède pas: il faut savoir lire pour savoir que les allumettes peuvent être dangereuses, de même que les pilônes électriques...

Direction une ville. Un policier se voit offrir un cochon. Vivant. Le remake de La traversée de Paris (avec Gabin et De Funès) peut commencer: dans un immeuble typiquement communiste (nos HLM à nous), où tout s'entend et tout se convoite, comment apporter l'animal à l'étage ? Le tuer ? Le brûler ? Il y a bien la bouteille de gaz, rechargée par le voisin, mais gazer un cochon, sans s'intoxiquer ou faire exploser l'immeuble, ça demande quelques précautions.

Quatrième film, toujours en ville. On suit deux photographes chargés de retoucher les clichés avant publication dans la presse. Valéry Giscard d'Estaing, suppôt du capitalisme, visite Ceaucescu. L'un est plus grand que l'autre, l'un a un chapeau et l'autre est nu-tête. Deux problèmes à résoudre. Oui mais voilà dans l'urgence on va parfois un peu vite, et arrêter une rotative prend du temps ! 

Films roumains et janvier font bon ménage (California Dreamin' en 2008, 12h08 à l'est de Bucarest en 2007). Là encore, je me suis bien amusé, et suis impressionné par les qualités des réalisateurs roumains. Pour autant le manque de moyens se ressent et donne injustement l'impression que cet âge d'or factice n'est pas encore tout à fait fini.

Rédigé par davveld

Publié dans #Cinéma

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