L'armée du crime

Publié le 8 Octobre 2009

Dimanche 4 octobre
Paris 14, Gaumont Alésia

L'ARMEE DU CRIME
De R. Guédiguian (F, 2009)

TELERAMA

Mon appréciation: 8/10

Robert Guédiguian, c'est le premier réalisateur à propos duquel j'ai écris une critique. C'était en 4ème, à Alès, dans le cadre d'un concours de critiques organisé avec les collèges locaux. Le film, c'était L'argent fait le bonheur. Et puis après, durant des heures maquillées sous le code "cours de sciences économiques et sociales" au lycée, il y avait eu Marius et Jeannette. Et peut-être d'autres par la suite. Quoi qu'il en soit, malgré leur talent, je commençais à en avoir marre de voir toujours les mêmes têtes: Ascaride et Darroussin (j'avais beaucoup aimé Darroussin jouant sans Guédiguian). D'où un relatif désintérêt pour les films de Guédiguian ces dernières années. Mais voilà, il prend le parti de surprendre (quoique... un héros arménien, c'est quand même pas révolutionnaire pour Guédiguian), et il y a Virginie Ledoyen. D'où nouvel intérêt pour L'armée du crime, par ailleurs très appréciée de Télérama.

Avec Sophie nous avons trouvé le film très bon. Sobre, efficace, avec des reconstitutions minutieuses du Paris occupé. Avec un scénario bien ficelé même si la fin du groupe Manouchian est connue. Le groupe Manouchian, ce sont des résistants au nazisme, Juifs et ressortissants des quatre coins de l'Europe, groupe dirigé par un Arménien du nom de Manouchian (!), et qui a servi d'exemple pour la propagande nazie à travers la célébrissime "Affiche rouge". Rien à redire sur l'interprétation et la mise en scène.

Guédiguian revient néanmoins avec insistance sur cette "trahison" française, ces collabos, et ce décalage entre la "Patrie des droits de l'Homme" et une réalité des années 1940. Oui, mais se rappelle-t-il que malgré la Révolution, il y a eu notamment l'Affaire Dreyfus (symbole de l'antisémitisme) à peine 40 ans avant l'Occupation ? Voit-il ces charters de nos jours, expulsant des immigrés vers des pays en guerre et donc des souffrances certaines ? La "Patrie des droits de l'Homme" n'a jamais été une réalité. Les Français sont, comme tous les peuples, pétris de lâchetés au quotidien, de renoncements tellement humains... Sans juger cet état de fait, je m'étonne un peu de la naïveté affichée du réalisateur, qui semble découvrir qu'il n'y a pas que l'Affiche rouge qui soit une "réussite" de la propagande. 

Demeurent ces questions éternelles, toujours terribles. Qu'aurais-je fait, à leur place ? Et sous la torture, où ont-ils trouvé le courage de ne pas parler ? Des questions à la formulation simple, presqu'anodine. Des questions insolubles, et tellement nécessaires, à intervalles réguliers.

Sinon j'ai beaucoup de retard à rattraper, notamment (mais pas seulement) côté films: j'aurais aimé voir A propos d'Elly, Rien de personnel, District 9, Fish Tank, Humpday, L'Affaire Farewell, Démineurs, Hôtel Woodstock... Il va falloir faire des choix...



Rédigé par davveld

Publié dans #Cinéma

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