Le silence de Lorna
Publié le 9 Septembre 2008
Mardi 9 septembre
Paris 20, MK2 Gambetta
LE SILENCE DE LORNA
De Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique, 2007)
Mon appréciation: 7/10
C'est le premier film des frères Dardenne que je vois. Je l'aurais sûrement manqué si (à part Be Happy) les affiches de cette fin
d'été n'étaient pas d'un niveau si consternant (ça devrait changer dans les prochains jours, avec le très attendu Entre les Murs - palme d'or à Cannes et tourné dans le 20ème arrondissement -, le
nouveau Woody Allen, et d'autres encore). Et ç'aurait été dommage. Non pas parce qu'il s'agit d'un film ayant eu le prix du scénario à Cannes (tellement de films sont primés dans tellement de
festivals qu'une récompense ne peut être l'élément décisif), mais parce qu'il traite, de façon remarquable, d'une réalité de nos sociétés européennes, d'une réalité qui a tout intérêt à rester
invisible, et qu'on n'a pas trop envie de connaître.
Lorna est Albanaise. Elle s'est mariée avec un Belge pour obtenir la nationalité belge. C'est un mariage arrangé, avec un drogué, dont elle divorcera pour épouser ensuite un Russe lui aussi en
recherche d'une nationalité occidentale. Mais Claudy, le "mari" de Lorna, veut sortir de la drogue (pas comme l'autre...), ce qui n'arrange pas le "passeur" (je ne sais pas quel est le terme à employer pour
celui qui tire les ficelles de ces mariages en blanc). Et Lorna, malgré des objectifs bien clairs (vite en finir avec ces mariages pour retrouver son vrai fiancé, Sokol, et surtout ouvrir un
snack), ne se fait pas à l'idée de voir disparaître Claudy. Elle est prête à beaucoup de choses pour ça (vivre son rêve européen comme d'autres ont un rêve américain, finalement assez similaire).
C'en est impressionnant. Et probablement, malheureusement, pas que de la fiction pour beaucoup de monde.
Le film est très maîtrisé. Aucun plan n'est inutile. On regrette presque quelques plans, justement, où l'on cherche à décrire une atmosphère. Mais non, le scénario se déroule, la machinerie est
implacable. Très belle fin à mon sens, certes troublante, mais qui laisse une porte ouverte. Magnifique interprétation d'Arta Dobroshi pour finir sur les compliments.