7 à la maison
Publié le 15 Mars 2008
7 à la maison (7th Heaven, en VO américaine), c'est le quotidien d'une famille: un père pasteur, une mère au foyer, cinq enfants (deux garçons,
trois filles)... Ca ne vous rappelle rien ??? Moi, si. Il y a la réalité, et puis la série américaine, longue de onze saisons pour le moment, créée en 1996 et diffusée depuis 1999 sur TF1. Quand
j'étais (un (tout petit)) plus jeune, j'en ai regardé quelques épisodes avec mes soeurs et frère. C'était à Roubaix.
Parce que si ça ne vous rappelle rien, nous, on était bien obligés de faire le lien ;) Ne serait-ce que pour affirmer que la série n'a rien à voir avec notre vécu !
Donc quand une de mes soeurs avait trouvé le coffret de la saison 1 en DVD, et moi celui de la saison 2, je n'ai pas hésité à m'y mettre de façon suivie. Je viens de finir la saison 2.
- Il y a d'abord l'argument du DVD. Une série télé, ça se regarde mieux quand on choisit l'horaire, qu'on peut faire une pause, qu'on peut regarder autant d'épisodes qu'on le veut à la suite. C'est mieux sans publicité. C'est mieux en VO.
- Il y a l'argument "série reposante", dans le sens qu'à la différence de 24, Lost, et autres excellentes séries dont je suis accro, on peut regarder des épisodes sans craindre de laisser notre imagination nous jouer des tours une fois l'épisode fini (alors que des scènes de tortures dans 24, avant de se coucher, c'est pas terrible, en tous cas en ce qui me concerne). Ca fait du bien de changer. Pour mieux replonger après, bien entendu ;)
- Je peux aussi identifier un argument "nostalgie"; voir les premières saisons me rappelle quelques épisodes vus quand j'étais plus jeune, avec un autre ressenti bien entendu.
- Impossible de nier un argument "plaisir", des personnages auxquels on a envie de s'identifier, ne serait-ce qu'un peu. A se rêver à leur place. Le côté "addiction" des séries, bien connu.
- Enfin, une des raisons est, pour le dire noblement, d'ordre "sociologique". Cette série, d'un esprit moral (moralisant, voire moralisateur) est perçue d'une certaine façon dans la France (parfois ultra-)laïque du vingt-et-unième siècle. Ce n'est pas par hasard qu'elle est diffusée sur TF1. C'est dans la même veine que le 13h de Pernaut (ce qui est loin d'être un compliment !!!). Parmi mes amis, majoritairement de centre-gauche (je pense), 7 à la maison est sûrement perçue comme une série représentative des Etats-Unis des années Bush, que ne renierait pas notre président, etc... Et c'est vrai que les situations décrites sont assez caricaturales (des problèmes -certains vraiment ridicules, d'autres vraiment sérieux- présentés comme dramatiques qui trouvent tous des résolutions quasi-miraculaires au bout des 40 mn de l'épisode), que les "bons sentiments" rendent quelques scènes "dégoulinantes" de mièvrerie, et que le comportement idéal de chacun est établi de façon vraiment très très stricte (rapport aux relations filles/garçons, politesse, résultats scolaires, sans parler de l'alcool, du tabac, de la drogue...). Le pasteur et sa famille sont supposés être parfaits, des modèles pour leur entourage et au-delà. De même, un peu à l'image de l'idéologie néo-conservatrice de l'entourage de Bush Jr, on n'aide que ceux qui commencent par s'aider eux-mêmes, et le font par des groupes de parole dans une église. On le voit, les messages de la série s'inscrivent dans un terreau spécifique loin d'être consensuel.
Je ne regarde donc pas la série de la même façon qu'il y a sept ou huit ans. Elle a le mérite de poser un certain nombre de questions, et de proposer des réponses (cohérentes dans le cadre d'un mode de pensée, mais quand on n'est pas à l'aise avec ce mode de pensée c'est une autre histoire). J'espère que j'aurais l'occasion d'en parler avec quelques Américains...